Le présent article de blogue a été publié le 22 mai 2025 et il était exact à cette date. La situation des tarifs douaniers évolue rapidement. Veuillez communiquer avec l’un des auteurs ou un membre de l’équipe Commerce et investissement international de Bennett Jones pour obtenir des conseils sur les plus récents droits de douane des États-Unis et les surtaxes canadiennes.
Le printemps a été tumultueux pour les entreprises faisant du commerce entre le Canada et les États-Unis. Cet article de blogue réunit les plus récentes questions fréquemment posées sur les tarifs douaniers entre le Canada et les États-Unis, notamment les directives révisées publiées le 20 mai 2025 par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) qui clarifient son interprétation des exemptions de surtaxes sur les importations de marchandises des États-Unis.
Oui. Le ministre canadien des Finances a enregistré le 15 avril 2025 deux décrets de remise des surtaxes introduites le 4 mars 2025, le 13 mars 2025 et le 8 avril 2025 :
En outre, les entreprises qui ne sont pas admissibles à ces remises peuvent continuer à demander des remises au cas par cas (exonération des surtaxes à venir et remboursement des droits déjà payés) pour faire face à des situations de pénurie de biens utilisés comme intrants ou dans des circonstances exceptionnelles où la surtaxe aurait des effets défavorables graves sur l’économie canadienne. Voir ci-dessous pour la façon de présenter une demande.
Le décret de remise de six mois s’applique aux surtaxes payées ou payables en vertu du Décret imposant une surtaxe aux États-Unis (2025-1) : DORS/2025-66, du Décret imposant une surtaxe aux États-Unis (acier et aluminium, 2025) : DORS/2025-95 et du Décret imposant une surtaxe aux États-Unis (véhicules automobiles, 2025) : DORS/2025-118, à condition que les marchandises soient importées depuis la date d’entrée en vigueur de la surtaxe respective et avant le 16 octobre 2025 et qu’aucune autre exonération de la surtaxe n’ait été accordée. Tout importateur admissible peut demander une remise lorsqu’il déclare des marchandises importées au Canada. Comme la demande est faite sur une Déclaration en détail commerciale, seul l’importateur officiel, qu’il soit résident ou non du Canada, peut demander la remise.
Aucune autre demande n’est requise pour demander la remise des surtaxes. Les importateurs doivent évaluer eux-mêmes si leur transaction répond aux critères d’admissibilité. Si l’importateur conclut qu’il est admissible, il doit demander à son courtier en douane d’insérer le code d’« autorisation spéciale » correspondant (spécifié dans l’Avis des douanes 25-19) dans le champ « Autorisation spéciale de décret » de la déclaration en détail commerciale. La saisie du code d’autorisation spéciale applicable permet la remise immédiate des surtaxes au moment de la déclaration des douanes.
Les demandes de remboursement qui s’appuient sur le décret de remise des surtaxes déjà payées peuvent être présentées pendant une période maximale de deux ans à compter de la date d’importation.
Les demandes de remise peuvent faire l’objet d’une vérification postérieure à l’importation (audit) pendant quatre ans. Si l’importateur ne peut pas produire sur demande les documents appropriés pour prouver son admissibilité ou si l’ASFC conclut autrement qu’une demande n’est pas valide, les surtaxes de 25 % seront réévaluées avec des intérêts et l’importateur pourrait être soumis à des pénalités et à des taux d’intérêt punitifs pour l’erreur commise.
La formulation du Décret de remise de six mois a suscité une grande incertitude chez les importateurs quant à son champ d’application.
Le 20 mai 2025, l’ASFC a mis à jour l’Avis des douanes 25-19 afin de clarifier l’interprétation de l’agence quant au champ d’application du Décret de remise de six mois. Voici quelques-unes des principales précisions apportées par la mise à jour :
En d’autres termes, les marchandises doivent être manifestement réservées à une utilisation finale admissible au moment de l’importation. L’ASFC ne considère pas que les marchandises importées par un distributeur ou un revendeur qui sont ensuite vendues pour une utilisation finale admissible peuvent faire l’objet d’une remise.
L’Avis des douanes 25-19 mis à jour énonce les politiques suivantes concernant le champ d’application de l’article 3 du Décret de remise de six mois :
Oui, le ministère des Finances du Canada accepte toujours les demandes individuelles de remises discrétionnaires (exemptions) des surtaxes.
Les entreprises doivent démontrer des circonstances exceptionnelles et impérieuses à l’appui de leur demande.
Les lettres de demandes doivent être adressées au ministère des Finances du Canada et envoyées par courriel à remissions-remises@fin.gc.ca et la demande doit être accompagnée de tous les renseignements pertinents disponibles concernant les points énumérés dans le modèle de demande de remise. Si certains renseignements dans la demande sont confidentiels, il est conseillé aux demandeurs de les identifier précisément comme tels et de demander un traitement confidentiel, afin de réduire le risque que ces renseignements soient divulgués à des tiers ou fassent l’objet d’une demande dans le cadre du programme d’accès à l’information.
Le ministère des Finances examinera les demandes de remise en consultation avec les autres ministères concernés et les parties intéressées, comme les producteurs nationaux au Canada. Après examen, le ministère adressera une recommandation au ministre des Finances. Le ou les décrets de remise seront enregistrés publiquement par un décret pris par le gouverneur en conseil, cependant pour les remises accordées à des entreprises en particulier, celles-ci ne seront généralement identifiées que par leur numéro d’entreprise de l’Agence du revenu du Canada et non par leur nom, pour des raisons de confidentialité.
Le gouvernement n’a pas fourni de délai de traitement précis pour les demandes de remise liées aux droits de douane des États-Unis, mais en se fondant sur les délais de traitement des remises accordées en 2018 dans le cadre de la première série de droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium et plus tôt cette année pour les surtaxes de la Chine en 2024, les entreprises doivent s’attendre à ce que le processus prenne plusieurs mois.
À l’exception d’une poignée de codes tarifaires dérivés de l’acier et de l’aluminium de la liste des propositions qui ont été ajoutés à la liste de rétorsion du 13 mars 2025 et des véhicules figurant sur la liste du 8 avril 2025, le Canada n’a pas imposé de droits de douane sur les produits de la phase 2. Nous croyons savoir qu’il n’est pas prévu d’imposer de nouveaux droits de douane de rétorsion par produit à l’heure actuelle.
Si les États-Unis introduisent de nouveaux droits de douane sectoriels (par exemple, sur les semi-conducteurs ou le bois d’œuvre, ou d’autres produits faisant actuellement l’objet d’une enquête par les autorités commerciales américaines) ou d’autres mesures de restriction des échanges, le Canada pourrait réagir en puisant dans la liste existante ou en envisageant d’autres contre-mesures (comme des quotas ou d’autres mesures de rétorsion).
Non, le Canada n’a pas établi d’exemption réciproque pour les marchandises admissibles à l’ACEUM ou « conformes à l’ACEUM ». Les droits de douane de rétorsion du Canada s’appliquent par produit plutôt qu’à toutes les marchandises provenant des États-Unis, il n’y a donc pas d’exemption générale pour les marchandises qui sont admises comme étant couvertes par l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (appelé « USMCA » aux États-Unis, « CUSMA » au Canada anglais, « ACEUM » au Canada français et « T-MEC » au Mexique).
Les droits de douane de 25 % et de 10 % imposés aux produits canadiens en vertu de l’International Emergency Economic Powers Act des États-Unis (IEEPA) s’appliquent aux marchandises pouvant être marquées comme étant « fabriquées au Canada » conformément à certaines règles d’origine de marquage des produits aux États-Unis, ce qui tend à être un seuil inférieur au critère de préférence tarifaire (traitement en franchise de droits) en vertu de l’ACEUM. Selon les règles des États-Unis, les marchandises qui répondent aux règles d’origine des préférences tarifaires de l’ACEUM sont exemptées des tarifs de l’IEEPA si l’exportateur ou le producteur fournit une certification d’origine valide et que l’importateur fait valoir la préférence tarifaire lors de l’entrée en douane. Il convient de noter que ce n’est pas nécessairement le cas pour d’autres catégories de droits de douane des États-Unis contre le Canada. Par exemple, les droits de douane sur les produits canadiens en acier et en aluminium qui ne profitent pas de l’exemption des marchandises « admissibles à l’ACEUM ».
Oui. Un nouveau programme de financement appelé Crédit pour les grandes entreprises touchées par les droits de douane (CGETDD) a commencé à accepter les demandes de soutien financier aux entreprises canadiennes touchées par les droits de douane et les contre-mesures. Voir notre blogue Soutien financier du gouvernement du Canada pour les grandes entreprises touchées par les droits de douane américains et les contre-mesures canadiennes.
En plus du cadre de remise décrit ci-dessus, il existe plusieurs programmes susceptibles d’alléger les surtaxes, comme le Programme d’exonération des droits et le Programme de drawback, toutefois ces programmes sont généralement conditionnels à la réexportation des marchandises dans le même état qu’à l’importation ou après qu’elles ont été transformées ou réparées.
Voici d’autres mesures à la disposition des entreprises pour les soutenir et les aider à diversifier leurs échanges au-delà des États-Unis :
Pour obtenir des conseils et de l’aide afin de comprendre comment atténuer l’impact des surtaxes canadiennes, veuillez communiquer avec un membre du groupe Commerce international et investissement de Bennett Jones.